Salaire en Auto-Entrepreneur : comment ça marche ?
Être auto-entrepreneur, c’est avoir la liberté de fixer librement les tarifs de son activité professionnelle et donc de décider de sa propre rémunération. De surcroît, en tant qu’indépendant, toutes les recettes générées par votre micro-entreprise vous reviennent de droit. Il est donc important de savoir comment bien définir votre salaire d’auto-entrepreneur, et à quel montant vous pouvez aspirer. Nous vous disons tout concernant les salaires sous le régime d’auto-entrepreneur.
Qu’est-ce qu’un salaire d’auto-entrepreneur ?
Avant toute chose, il convient de clarifier le terme de “ salaire ” pour un micro-entrepreneur. Contrairement à ce qu’il laisse entendre, le terme salaire ici ne désigne pas le revenu d’un salarié, puisque l’auto-entrepreneur est considéré comme un travailleur indépendant non-salarié (TNS).
Ce terme désigne simplement les revenus obtenus par le travailleur découlant de son business. Il ne perçoit donc pas de bulletin de salaire, et 100% de ses recettes générées lui reviennent de droit, après paiement des frais, des charges et des impôts.
Cela est dû au fait qu’il crée en fait une Entreprise Individuelle (EI) avec laquelle il ne fera qu’un. Le régime de micro-entreprise ainsi choisi lui permet de bénéficier d’une gestion de son business simplifiée, ainsi que de charges fiscales et sociales considérablement limitées.
Estimer son salaire en tant qu’auto-entrepreneur
La flexibilité de l’auto-entrepreneur lui permet de décider lui-même de ses tarifs, et ainsi du montant de ses revenus issus de son activité professionnelle. Pour ce faire, il va tenir compte notamment de son expertise, sa notoriété, ainsi que la concurrence déjà présente sur le marché. Il est également impératif de calculer les charges et les frais qui lui seront imposés en tant qu’auto-entrepreneur.
Prendre en compte les frais et charges
Afin d’estimer votre rémunération, il est nécessaire d’avant tout tenir compte des charges liées à votre activité, ou pas.
Vos frais de vie personnels détermineront un premier montant en-dessous duquel vous ne pourrez fixer vos prix, surtout si votre auto-entreprise représente votre activité principale. Ces frais incluent la nourriture, l’habillement, les soins, les factures, le loyer, et autres sources de dépenses couvrant vos besoins fondamentaux.
Ensuite s’ajoutent les charges directement et indirectement liées à votre activité professionnelle et indispensables au bon fonctionnement de votre business. Parmi elles, on trouve les coûts d’approvisionnement, de production, de distribution, de communication, ainsi que les charges fiscales et sociales.
Ces dernières charges varient en fonction de votre activité, et peuvent se montrer assez conséquentes. Il est donc primordial de les prendre en considération lors du calcul de votre rémunération :
- Cotisations sociales : 12,30% à 21,20% du chiffre d’affaires
- CFP (Contribution à la Formation Professionnelle) : 0,1% à 0,3%
- Taxes de chambres consulaires : 0 à 0,830% selon votre région
- Prélèvement libératoire forfaitaire de l’impôt sur le revenu : 1% à 2,2% OU
- Abattement forfaitaire de 34% à 87% si PAS (prélèvement à la source) choisi, et prélèvement applicable qu’à partir d’un certain seuil du CA.
Après avoir additionné tous vos frais, le résultat correspond à votre seuil de rentabilité, en-dessous duquel vous pratiqueriez votre activité à perte. Ce montant correspond aussi à ce que vous devez laisser sur votre compte d’auto-entreprise au minimum pour couvrir toutes vos charges.
Choisir un montant juste et viable
Maintenant que vous connaissez votre seuil de rentabilité, il vous faut désormais ajouter une marge bénéficiaire. Cela revient à choisir un tarif qui vous apportera les objectifs de revenus recherchés et la rémunération souhaitée.
Pour ce faire, il vous faudra effectuer une étude de marché, et établir un business plan. Ces démarches sont indispensables pour connaître les prix des concurrents, et déterminer votre positionnement sur le marché.
Lors du choix de votre grille tarifaire, n’oubliez pas d’inclure une compensation pour votre temps passé à travailler en dehors de vos heures de travail, comme pour la prospection, la gestion de l’administratif, ou la communication par exemple. Vous ne pouvez pas le facturer à vos clients, mais pouvez le compenser en l’incluant directement dans vos tarifs.
Enfin, pensez à majorer vos tarifs de 10% si vous souhaitez prendre des congés à l’avenir. Cette majoration amortira les pertes causées par la fermeture de votre établissement ou l’arrêt de vos prestations le temps de vos vacances.
Calculer le salaire net d’un auto-entrepreneur
Afin d’y voir plus clair à travers tous ces facteurs à prendre en compte pour déterminer un salaire, décortiquons les calculs à effectuer à l’aide d’un exemple d’un commerçant de sacs auto-entrepreneur.
1) Calculer son chiffre d’affaire potentiel
La première étape est de calculer votre CA potentiel après avoir déterminé vos tarifs. Pour ce faire, vous devez :
- multiplier le prix de votre marchandise par le nombre estimé de marchandises vendues à la fin du mois OU
- multiplier le prix de votre prestation de service par le nombre d’heures ou de jours travaillés (selon votre choix d’appliquer un taux horaire ou un taux journalier)
Notre commerçant de sacs les vend 45€ l’unité, et estime en vendre 2 par jour d’ouverture. Sa micro-entreprise est ouverte 4j/7. Cela fait 45€ x 2 x 4j x 4 semaines = 1440€.
Son CA potentiel est donc de 1440€.
2) Soustraire les cotisations sociales et impôts
Afin d’obtenir votre salaire net d’auto-entrepreneur, il vous faut de toute évidence retirer les charges fiscales et sociales imposées. Cela inclut les cotisations sociales, le CFP, TFC, ainsi que le prélèvement libératoire si tel a été votre choix de régime d’imposition.
Voici le montant des frais pour notre commerçant de sacs, en tant que vendeur de marchandises :
- Cotisations sociales : 12,30%
- CFP : 0,10%
- TFC : /
- Prélèvement libératoire : 1%
Il lui restera alors 1440€ - (12,30% + 0,10% + 1%) = 1440 - (177,12 + 1,44 + 14,4) = 1440 - 192,96 = 1247,04€, après déduction des charges sociales et fiscales.
3) Enlever les charges professionnelles
Enfin, retirez les charges directement et indirectement liées à votre activité (voir plus haut).
Le vendeur de sacs dépense 200€ de frais mensuels entre les matières premières, les assurances, et la promotion de son produit. Il lui reste donc 1247,04€ - 200 = 1047,04€.
Le commerçant obtiendra donc une rémunération nette de 1047,04€ après déduction des impôts et des charges.
Le salaire moyen d’un auto-entrepreneur en 2023
Les créateurs d’entreprise en auto-entreprenariat ne cessent de se multiplier. En effet, on en compte aujourd'hui 1,4 millions, soit 400 000 de plus qu’en 2016. Selon l’Insee, leur rémunération moyenne est de 590€ par mois en 2023. Et ce chiffre relativement bas s’explique par de nombreux facteurs.
D’abord, la micro-entreprise représente pour la plupart des entrepreneurs une activité secondaire en parallèle à une autre activité salariée. De ce fait, ils ne se consacrent pas entièrement à l'entreprenariat, et considèrent davantage cette activité comme un complément de revenu. En réalité, le revenu moyen total d’un micro-entrepreneur s’élève à 2280€ par mois.
En outre, ce régime impose des plafonds sur les chiffres d’affaires, ce qui ne permet pas aux entrepreneurs de générer trop de profits au risque d’en perdre.
Enfin, les revenus au sein de ce régime connaissent de fortes inégalités, dûes principalement aux différentes branches d’activités. Il existe également certains éléments au sein d’une même branche pouvant aggraver la disparité des salaires, tels que la notoriété et l’expertise des acteurs, la qualité de l’offre, ou les services et produits additionnels d’une micro-entreprise.
Comment justifier son salaire en tant qu’auto-entrepreneur ?
Un micro-entrepreneur est exempté de réaliser des fiches de paie ou autres documents pour justifier de ses revenus. N’étant pas salarié, il va de soi qu’un bulletin de salaire n’est pas adapté pour ce régime.
Cependant, les organismes de l’Etat demandent régulièrement une déclaration des revenus sur leurs sites dédiés, afin d’appliquer les abattements adéquats. Afin de pouvoir justifier de vos chiffres en tant que micro-entrepreneur en cas de contrôle, il est judicieux de tenir un carnet de comptes et/ou de recettes, qui servira à tracer vos rentrées d’argent.
Mais cela ne sera pas suffisant si vous avez besoin de justifier d’un certain niveau de revenus pour une demande de prêt par exemple, ou pour la location d’un appartement.
Dans ce cas, vous pouvez opter pour un extrait de votre déclaration d’impôt sur le revenu, de votre avis d’imposition, ou des justificatifs de déclaration du chiffre d’affaires d’auto-entrepreneur auprès de l’URSSAF.
Comment se verser son salaire d’auto-entrepreneur ?
Enfin, comme vous l’aurez compris, un entrepreneur indépendant porte ce nom pour une bonne raison : il est totalement autonome et libre à de multiples niveaux, notamment concernant le versement de ses revenus. Celui-ci n’est pas contrôlé, donc le travailleur peut s’auto-effectuer des virements entre son compte de micro-entreprise et son compte personnel en toute liberté.
Cela reste toutefois plus simple d’effectuer un virement mensuel, après avoir payé toutes les charges. Mais ce n’est pas une obligation.
Les questions les plus fréquentes
Il est fréquent que certaines personnes débutant dans l’auto-entreprenariat commettent l’erreur suivante : elles confondent le chiffre d’affaires généré par la micro-entreprise avec leur revenu réel. Le revenu de l’auto-entrepreneur dépend évidemment des recettes de l’entreprise. Il est néanmoins loin d’y être égal puisqu’il faut y soustraire les différentes charges suivantes :
- les charges fiscales et sociales
- le coût des matières premières et / ou marchandise
- le loyer et charges de copropriété le cas échéant
- d’éventuels frais liés au véhicule de service
- taxes professionnelles
- etc.
Cette liste varie considérablement d’une entreprise à l’autre, et dépend évidemment de la nature de l’activité exercée. Il est important de l’établir correctement pour bien pouvoir déterminer son salaire mensuel.
Il existe plusieurs organismes pouvant aider et accompagner les auto-entrepreneurs tout au long de leur projet. On trouve parmi eux :
- Les chambres des métiers et de l’artisanat (CMA)
- Les chambres de commerces et d’industrie (CCI)
- L’agence pour la création d’entreprises (APCE)